Silence, visite au sanatorium…
Peut-on s’imaginer que le lieu qu’on occupe quotidiennement, dans lequel on vit, dans lequel on travaille, dans lequel on pleure, on rit ; que ce lieu qui grave en nous des souvenirs si chers à nos vies, un jour disparaisse… Un certain nombre de constructions humaines retournent à la poussière et emportent avec elles leur Histoire, leurs milliers d’histoires personnelles. Des châteaux, des manoirs, des théâtres, des gares, des bâtiments industriels : peut-on raser purement et simplement des architectures qui ont tant de cachet, qui ont demandé tant de travail et de savoir-faire ? Il s’agit d’un patrimoine qui ne demande qu’à être valorisé, mais faute d’acheteurs, de moyens financiers ou de volontés politiques, ces lieux sont laissés à l’abandon…
L’exploration de ces lieux laissés à la merci des éléments, c’est pour moi une tentative de renaissance par l’image : partager leur histoire, transmettre une ambiance, donner à s’imaginer la vie qui grouillait aux fenêtres, sur les terrasses ou dans les couloirs… C’est bien souvent une atmosphère un peu inquiétante qui y règne, car tout est cassé ou presque. Les bois sont pourris, les planchers s’écroulent, les vitres sont cassées et le verre jonche le sol. La nature, dont on se protège par des murs et des toits, s’introduit de manière subtile, parfois délicate avec une brindille qui pointe entre deux planches, parfois de manière plus radicale avec un arbre qui année après année a fini par pousser les murs et à entrer par effraction.
L’effraction, c’est aussi ce que nous faisons en explorant ces lieux. Bien souvent propriétés privées, ces bâtisses sont interdites au public. Qu’importe, nous nous positionnons en messagers du temps qui passe, et en toute conscience, dans une approche de respect total des lieux : pas de tags, pas de déchets en tout genre, pas de déplacement d’objets ou de meubles, pas de cigarettes, pas de casse, pas de cris, de courses, de ballons, de jeux de plage, d’instruments de musique, ni de barbecue, toujours pas de cigarettes, ni de scooter ou pire de scooter de mers, ni même de saut à l’élastique et encore moins de parapente ! 😱 😱 🤪
⚠ ⚠ Notre passage ne doit laisser aucun stigmate dans un lieu déjà bien abîmé par des gens peu scrupuleux. ⚠ ⚠
Après avoir traversé une petite partie de forêt, nous découvrons une première partie du Sanatorium (photo n°1). C’est une belle bâtisse, qui dégage une certaine classe, et qui semble plutôt bien conservée. Nous découvrons l’entièreté du bâtiment depuis ce qui semble être le jardin (photo n°2), dans lequel les patients devaient pouvoir se promener. On ne peut retirer à ce lieu un environnement qui semble propice à l’apaisement, même si derrière une porte de chambre, à n’en point douter, l’ambiance devait être plutôt celle de l’angoisse… Après avoir fait le tour du premier bâtiment, nous décidons de nous y introduire par une ouverture existante. Le rez-de-chaussée étant complètement muré, nous sommes dans le noir complet. Je ne vous parle pas du sous-sol qui lui aussi fait froid dans le dos, peut-être justement parce qu’il n’y a rien, et peu, voire aucune trace de visites… Il faudra monter au premier étage pour que la lumière du jour nous éclaire sur la nature des lieux (photos n°3 et n°4). C’est aussi à cette occasion que nous découvrons la terrasse et la très belle vue sur l’aile gauche par laquelle nous étions arrivés (photo n°5). Nous finissons par grimper au dernier étage à l’extrémité de l’aile droite, où le plancher en bois laisse apparaître des trous, et où les gesticulations d’une famille de pigeons cristallisera notre unique rencontre avec des être vivants. 😅 C’est finalement un bâtiment très pauvre en mobilier que nous avons parcouru, dont une partie se trouve à l’extérieur… (photo n° 6). Peut-être dans son frère de pierres les traces d’une vie passée y sont plus présentes (photo n°7), mais le ciel se couvre et de la route nous attend… A bientôt Nestor ! A moins que d’ici là on t’ait refait une beauté…