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HUMAN REFLEX

A nos services techniques…

A nos services techniques…

La question du territoire était au cœur du précédent article, où l’on avait abordé avec Alexandre la notion d’identité de territoire, en s’appuyant notamment sur la distinction « sphère privée » versus « sphère publique ». Le territoire reste à ce jour un sujet qui me porte, tant il met en tension l’articulation entre l’individu et le vivre ensemble. A travers le prisme d’un groupe social nommé « services techniques », j’ai voulu appréhender le territoire sous un nouvel angle, celui du service public : Savons-nous ce qui se cache derrière un service que nous connaissons tous et dont chacun bénéficie au quotidien ?

Qui sont ces hommes que nous croisons en voiture ou à pied, souvent de jaune vêtus ? Quelles sont ces femmes qui œuvrent à l’entretien des locaux et accompagnent nos enfants ?

Peu visibles et souvent stigmatisées, les professions des services techniques cachent des parcours pourtant toujours singuliers. L’objectif de cet article est de donner à voir, dans une approche qui se veut expérimentale et circonscrite, les dessous d’un service public présent sur chaque territoire. Ici, en zoomant sur la commune de Drocourt (que je remercie pour leur accueil!), l’objectif n’est aucunement de tirer des conclusions générales ou des vérités sur “le service public”, mais de montrer avec modestie des réalités vécues personnelles et subjectives, des réalités racontées ; valoriser les acteurs de nos communes, comprendre leur métier et les écouter, tout simplement. A travers une série de portraits de femmes et d’hommes, je tâche ici d’être le témoin de récits auxquels on accorde bien peu de crédit.

Cette enquête de terrain a été réalisée, contexte sanitaire oblige, entre février 2020 et octobre 2020. Les récits déployés sont donc relatifs à cette période, et les parcours peuvent avoir évolué depuis. Mais tout part du présent car au moment où l’on discute, une question récurrente guide mes rencontres : vous êtes actuellement aux services techniques de Drocourt, mais comment êtes-vous arrivé(e) à ce poste ? Et comme il faut évoquer hier pour parler d’aujourd’hui, remontons quelques années en arrière

drocourt essentiels human reflex

Nous voilà en 1978 ! Michel fait ses premiers pas en tant qu’employé de jardinerie pour la municipalité ! Quelques mois à l’essai et un service militaire en guise de coupure ne travestiront pas la longévité de son parcours :

michel drocourt human reflex

Je n’ai jamais travaillé en entreprise privée. Ça fait 42 ans que je travaille pour Drocourt, que je m’occupe de l’entretien des espaces verts !

Et en 2020, c’est la dernière ! Une carrière entière au service d’une municipalité. On ne peut douter que Michel est un témoin privilégié du temps qui passe, et ça, au rythme des saisons :

On adapte nos tâches par rapport à la météo. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, on est toujours à l’extérieur ! Pour les plantations par exemple on attend qu’il ne pleuve plus mais pour mettre des copeaux, la pluie ne dérange pas ! Si on devait attendre qu’il fasse beau pour travailler, on ferait rien ! » A titre personnel, Michel a sa préférence : « J’aime pas trop la chaleur ! Moi je préfère encore le froid. Le froid on peut encore se couvrir, mais quand il fait vraiment trop chaud… on peut rien faire ! (rires)

Ses collègues témoignent eux aussi d’un métier régi par la météo, partagées entre inconvénients, avantages, et habitudes. Pour Yves,

yves drocourt human reflex

Ca n’est pas un métier d’intérieur […] Par tous les temps, l’été la canicule, l’hiver le froid, on est toujours dehors ! Des fois avec les -5°C on est là quoi… Alors on se couvre bien, on a plusieurs couches, des blousons, des polaires… et puis on s’est habitués aussi, ça y fait beaucoup l’habitude !

 

Même avis pour Alexis,

alexis drocourt human reflex

Le seul inconvénient c’est la pluie, et l’hiver… On s’habille chaudement, double pantalon, bonne paire de chaussettes, des gants… Après une fois qu’on travaille on a chaud ! Une fois que je suis en action, que je bouge, j’aime bien. On n’est jamais au même endroit c’est ça qui est bien.


 

Robert quant à lui semble être rôdé  à ces conditions de travail, et sous-entend que ses expériences passées l’ont forgé à s’y habituer.

robert drocourt human reflex

J’ai travaillé 4 ans en filature. Je commençais a 5h au matin jusque 13h… Et avec la machine… enfermé… Après l’armée, j’avais quel age, 22 ans, et depuis j’ai toujours été dehors aussi, à changer les voies, les traverses qui sont pourries…

 

Enfin Patrick, pour qui les conditions météo ne sont pas un problème, considère qu’elles font partie de la nature de son métier, qu’il affectionne par ailleurs.

patrick drocourt human reflex

Pour moi mon travail est bien. Comme j’ai toujours été actif dans les gros travaux, ça me dérange pas de faire ça. J’ai toujours eu l’habitude et j’ai toujours aimé être à l’extérieur. J’ai commencé à 16 ans dans le bâtiment et j’ai toujours été dehors. Même à -10°C on travaillait dehors !


 

Alors c’est certain, en 42 ans, Michel les a vues défiler les saisons ! Souvent seul au début, il a vu les espaces verts de Drocourt s’agrandir, les progrès matériels aider à la tâche et de la main d’œuvre arriver, « des contrats », comme beaucoup les appellent : des emplois PEC (Parcours Emploi Compétences) à durée déterminée, en partie subventionnés par l’État, qui viennent en appui des employé(e)s titulaires. Les titulaires, Nathalie B. en fait partie. Comme Michel, la ville de Drocourt a été son unique employeur. Présente depuis 1994, elle s’occupe de l’entretien des écoles, des bâtiments communaux, et de la cantine depuis 2012. C’est ce dernier lieu qui résume peut-être le mieux le spectre large du travail des « dames de service » : au-delà des tâches ménagères, leur métier se caractérise aussi par leur statut de référente auprès des petits et le volet social et humain qu’elles sont amenées à pratiquer au quotidien.

nathalie b drocourt human reflex

Vous savez, avant dans la cantine on s’occupait des enfants, on jouait avec eux après le repas, on débarrassait, on les faisait chanter ! Et puis ils ont décidé de mettre en place les ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), et là je me suis sentie rabaissée, j’étais en colère ! Parce que c’est nous qui nous occupions d’eux, et on nous demandait maintenant de rester dans notre cuisine, porte fermée… Aujourd’hui on est revenus à l’ancienne méthode ! On les cajole, on s’occupe d’eux. C’est pas nos enfants bien sûr, mais on les considère comme nos petits enfants quand même, on les accompagne aux toilettes, on fait l’infirmière aussi quand y’a des petits bobos, on règle les conflits si l’un pousse l’autre etc. Les parents peuvent être contents parce qu’on s’en occupe bien ! Enfin on essaye (rires). Donc quand on fait la cantine, ça nous valorise un peu, ça fait du bien ! 

 


 

Il faut dire que le reste du temps et pour les autres tâches, Nathalie est bien consciente d’être une travailleuse de l’ombre :


Y’a des bâtiments qui tomberaient en ruine si on n’était pas là ! C’est dans ce cas là où on dirait ‘Elle est où la femme de ménage ?!’… 

 


 

C’est un constat amère que Nathalie développe pendant notre discussion sur la perception du métier dans sa globalité. Le manque de valorisation et à tout le moins de considération est régulièrement pointé du doigt, avec une certaine fatalité.

 

Moi je suis blasée, à force, ça fait des années ! J’aime ce que je fais donc je ne me sens pas dévalorisée, mais [le manque de respect] est devenu courant, presque normal… […] Il nous faudrait du respect, par exemple dans les écoles. Je dis pas qu’ils doivent faire notre travail, mais quand on arrive et que tout est à côté de la poubelle… Le métier n’est pas considéré. Les femmes de ménage sont toujours considérées comme la poubelle, c’est pas valorisé du tout ! » L’une des solutions appliquées tient en une expression pour Nathalie : « Tout ce qui est à terre appartient à la terre ! » Ainsi, « Quand je balaye, tout va à la poubelle ! »

 

Ce manque de reconnaissance perçu par ces femmes de l’ombre renvoie à un argument qui sera souvent avancé concernant le regard de l’usager, et repris par Nathalie : « C’est normal ils sont payés pour… » Alors le soutien, elle le trouve en elle-même : « Des fois je dis à mes collègues ‘je nous félicite !’ parce qu’on a bien travaillé !  (rires) », mais au-delà de l’anecdote, aussi auprès des supérieurs hiérarchiques. Membre du Syndicat FO (force ouvrière) et représentante au CHSCT, Nathalie sait qu’elle dispose d’un espace de dialogue avec les décideurs. Lors de réunions :

On parle de tous les changements qu’il y à voir dans la commune, au niveau de la sécurité en général. Ça se passe bien. On fait remonter des choses de notre côté, et la mairie a aussi des choses à proposer. Forcément c’est la mairie qui valide mais on a par exemple réussi à faire remonter des choses sur les balais. Y’a à peu près un an on a eu des chariots, et on n’a plus à tordre la serpillière, donc déjà sur ça, ça nous soulage. 


 

Carole est aussi titulaire, et représentante au CHSCT. Au-delà de ces séances d’échanges officielles, elle souligne surtout l’autonomie de travail dont elle dispose, et en cas de réel besoin, la disponibilité du responsable des services techniques (Gérard) ou de la mairie.


carole drocourt human reflex

Si vraiment on a un souci, on les appelle, on leur dit voilà j’ai un problème, on téléphone à Gérard, il essaye d’arranger la situation et de nous donner une réponse assez rapidement.



 

En dehors de ces situations particulières, Carole m’explique qu’au quotidien, l’expérience et l’expertise de leur métier permet cette autonomie.


On sait anticiper vous voyez, parce qu’on a l’habitude de ce qu’on fait, et y’a des choses qu’on voit arriver beaucoup plus vite que d’autres personnes. A l’Agora par exemple, la plupart du temps je suis toute seule. Mais c’est déjà arrivé, quand c’est pas possible, que j’appelle et qu’on me mette du renfort : j’avais une grosse manifestation le week-end, et le mardi la salle était prise. Sur la journée du lundi c’est impossible de laver les cuisines, de laver la salle, c’est tellement grand que c’est impossible ! Dans ce cas j’anticipe, parce que je connais mon travail, et je sais que là il va y avoir un problème. Et puis en ce moment c’est pas une situation facile : désinfecter les bâtiments, les points de contact, on essaye de rien oublier mais c’est pas toujours évident et ça prend plus de temps !

 



 

L’Agora, bâtiment de la commune voué aux activités sociales et culturelles principalement, est en quelque sorte le QG de Carole.

J’ai postulé à la mairie de Drocourt et le bonheur c’est que moi je suis à l’Agora ! Ils venaient d’ouvrir et y’avait encore personne, donc j’ai commencé en étant en “contrat” pendant cinq ans, et puis au bout de cinq ans j’ai été titularisée. Donc là je suis titulaire depuis 2003 !

A l’instar de Nathalie B. à l’évocation du rôle social que peut lui apporter le service de cantine, Carole aime ce que lui apporte ce poste, qui va au-delà des tâches ménagères.


Je fais l’entretien du bâtiment mais pas que ça ! Je reçois les associations aussi, je suis relais avec elles. Quand elles viennent dans la salle, s’il leur manque quelque chose, je suis là. J’ouvre les portes, je ferme les portes, enfin plein de choses en plus du ménage !


L’autonomie dans son travail ainsi que la diversité relationnelle offerte par le calendrier culturel de l’Agora, permettent à Carole de se sentir libre.

A l’Agora, y’a jamais quelqu’un qui me demande ce que j’ai fait de ma journée. Moi je le prends comme ça : on se fait confiance ! On sait que Carole fait son travail. De toute façon automatiquement ça se voit. Si le vendredi la salle était sale, on dirait qu’est-ce que t’as fait de ta semaine ? Ce qui n’est pas le cas. Mais si le lundi j’ai envie de commencer par les cuisines ou une autre pièce, c’est moi qui juge. Je commence comme je veux ! J’arrive et je me dis ‘ tiens là, j’ai eu tel banquet, la semaine prochaine j’ai telle manifestation…’ donc des fois il faut que je fasse les cuisines en premier parce que ça prend beaucoup plus de temps, mais si les cuisines ne sont pas utilisées je peux d’abord commencer par autre chose. On n’est jamais venu me dire “faut faire comme ci ou comme ça”, jamais. Je suis autonome. On est autonomes. On peut pas dire qu’on a le chef derrière nous qui nous surveille. Je pense que c’est une question de confiance.

 


Cette notion de liberté, qui ressort comme centrale dans le témoignage de Carole, et qui l’est aussi pour d’autres employés, est accentuée par son parcours professionnel antérieur.

Avant j’ai travaillé dans le privé. J’ai travaillé chez Renault, à Douai. Je faisais les postes, c’était compliqué. A cette époque là j’étais ‘au tableau de bord’ sur la chaîne de montage, et puis après j’ai fait ce qu’on appelait entre guillemets ‘jockey’, je prenais la voiture en sortie de chaîne, je la sortais, et je la mettais sur le parking.

Pour Carole, « la fonction publique n’a rien à voir avec le privé ». C’est en tout cas ce que nous témoigne son expérience, où s’affrontent deux modèles différents, conditionnant à leur manière le quotidien du métier exercé :


Chez Renault c’était fort hiérarchisé, on avait le chef qui nous disait quelque chose : c’était comme ça. On n’avait pas le droit de dépasser la ligne. On avait un rendement à rendre. Tandis qu’ici c’est pas du tout la même chose. On peut quand même s’organiser d’une autre façon. Là-bas par exemple j’avais trois ou quatre minutes pour faire une chose. Il fallait que ce soit fait dans les temps, et hop passer à la suivante. Tandis qu’ici si j’en mets six ou sept, on va pas venir me taper dessus. On vient pas nous trouver, ou alors il faudrait vraiment exagérer ! Dans le privé, quand vous travaillez comme ça dans une usine, malheureusement vous avez un temps défini, et on peut pas dépasser. Ici si on a soif, on va s’arrêter deux minutes, on va boire et on va repartir. A la chaîne, même tout simplement aller aux toilettes, c’était six minutes toutes les 1h30. Je trouve quand même que c’est plus aisé de travailler dans le public que dans le privé. » Bien évidemment, « des fois il y a des difficultés, mais on s’arrange entre nous aussi. S’il y a un problème de telle heure a telle heure on dit ‘bah moi tiens je peux venir le faire à ta place’, c’est déjà arrivé, on essaye de s’arranger entre collègues, entre “dames de service” comme on nous appelle ! On a une bonne relation. Avec la plupart de nos collègues, on s’entend bien quoi. On est vraiment là pour qu’il n’y ait aucune interruption du service.


Nathalie L. et Claudine témoignent également de conditions de travail bien plus calmes et sereines par rapport à leurs expériences dans le privé. Cette dernière m’explique qu’elle s’est occupée pendant quinze ans d’une station de lavage.

claudine drocourt human reflex

Je devais m’occuper de quatre stations : l’approvisionnement des produits, l’entretien des machines, et sur les derniers temps comment dire… ils voulaient même que je mette les mains dans les moteurs ! Mais moi j’étais pas habilitée. En plus ils me faisaient réparer des caméras, et j’étais pas habilitée électricité non plus… C’était plus possible. En plus je devais faire les quatre stations sur la journéedeux sur Fouquières-lès-Lens, une à Cora Lens 2, et une à La Bassée. Au fur et à mesure que les années passent, la fatigue commence à se faire sentir hein… parce que c’était des journées vraiment complètes… m’occuper des clients, de la station, des caisses, rentrer à la maison et faire les caisses, ah non j’en pouvais plus ! Je rentrais une tonne de sel et de poudre à moi toute seule hein…

 


Même si le métier de dame de service est difficile physiquement, Claudine n’en est pas moins heureuse et épanouie à son poste dans les écoles de Drocourt :


Là j’adore mon travail je vous le jure ! Si j’avais su ce que c’était avant, j’aurais fait ça bien avant ! Tout me plaît ici, je fais 10h de ménage et je m’occupe des enfants, de la cantine. Puis là regardez je suis toute seule, c’est impeccable, j’aurais du faire ça depuis longtemps…Non mais c’est vrai, j’ai loupé complètement ma vocation (rires). J’adore être avec les enfants ! C’est certain, faire les ménages, c’est fatiguant, mais c’est moins fatiguant que le travail que j’avais là bas ! J’ai même mal aux os hein, je vais vous le dire franchement, mais je me surpasse parce que j’adore mon travail !


 


Quant à Nathalie L., qui travaille le plus souvent dans les locaux de la mairie, c’est une expérience similaire dans le domaine de l’entretien qui fait office de comparaison.

 


nathalie l drocourt human reflex

J’ai travaillé dans une école d’aides soignantes pour nettoyer les bureaux, et ça faisait partie à l’époque de la polyclinique d’Hénin-Beaumont. […] Personnellement je préfère faire du ménage dans les bureaux. Je suis toujours restée dans le ménage mais de mon expérience des différents bâtiments, je constate que je me sens mieux dans des bureaux.

La différence entre deux structures pour un même métier dans le parcours de Nathalie, c’est le rapport à la hiérarchie et à l’organisation du travail. Pouvoir être « indépendante » et dans une relation de confiance avec les supérieurs est primordial pour se sentir bien dans son travail :

 


Avant c’était totalement différent parce que c’était une société de nettoyage. On avait une cheffe qui venait nous voir une fois par semaine, c’est tout. Et avec les gens c’était bonjour bonsoir et c’est tout. Ici je suis en mairie, c’est quand même différent. Avec Fatiha [la responsable QSE], on peut vraiment dialoguer. S’il y a un souci, on peut vraiment lui en parler. C’est une dame qui est assez cash et moi je suis comme ça aussi. Tant qu’on a du respect avec la personne, on peut dialoguer. Après je pense qu’on peut être indépendant au travail comme on l’est dans la vie privée. Moi je me sens plus épanouie depuis que je suis à la mairie parce que justement je m’organise comme je veux toute seule, je calcule par rapport à mes heures, je suis au calme, ça me convient quoi ! Même mes collègues m’ont dit ‘t’es plus épanouie quand t’es dans les bureaux !’


Dialogue avec la hiérarchie, écoute, et confiance sont identifiés comme des éléments essentiels dans les témoignages, pour assurer, comme le disait Carole, « la continuité du service ». C’est un peu le leitmotiv des services techniques de Drocourt. Cela passe par des outils classiques tels que l’établissement de plannings, mais surtout semble-t-il, par l’adaptabilité dont font preuve les agents, et le travail « en bonne intelligence », comme aime à le pointer Fatiha ; de concert avec Gérardresponsable des services techniques -, celle qui s’occupe des questions « Qualité Santé Environnement » œuvre pour que les services techniques fonctionnent en sécurité et en harmonie.

 

 


fatiha drocourt human reflex

Mon métier en fait c’est de préserver la santé des agents, et pour une commune également, du public qui accède aux bâtiments de la commune. Pour les agents c’est de la sécurité au travail en terme d’équipements de protection individuelle, et d’amélioration des conditions de travail, que ce soit physique ou psychologique. Mon métier c’est vraiment de la prévention dans sa globalité.



Au quotidien, Fatiha définit sa relation avec les agents comme étant « Systématiquement dans l’échange », en s’appuyant sur l’exemple des équipements de protection :

 

 

 


On essaye de voir en fonction de ce qui est bon pour eux : ils doivent porter normalement des chaussures de sécurité, que ce soit les agents d’entretien comme les agents techniques. Je fais en sorte que l’équipement que je leur mets à disposition leur convient ! Moi je propose, et eux choisissent sur la gamme que j’ai pu proposer ce qui leur convient le mieux. J’impose pas de façon systématiqueça sera ces chaussures là et pas d’autres, j’essaye d’être assez large, assez souple, avec certaines limites bien entendu, mais pour qu’ils aient quand même leur mot à dire par rapport au produit. 

 


Quant à Gérard, il a occupé plusieurs postes par le passé dans la commune :

 

 

 


gerard drocourt human reflex

J’ai commencé en espace verts pendant 2 ans, après j’étais dans la menuiserie indépendante que la ville avait rachetée. En 2010 je suis passé responsable, puis j’ai arrêté 2016, et j’ai finalement repris cette année en 2020. 

 

 


Gérard adore le terrain, et connaît très bien les ouvriers. Pour lui, une part d’humanité est clairement nécessaire en tant que responsable, et son expérience de terrain lui permet une proximité forte avec les agents des services techniques. Un mot d’ordre, la continuité.

Avec moi ça se passe bien ! Il y a un esprit d’équipe c’est ça le plus important ! L’esprit d’équipe c’est primordial pour faire tourner un service technique. Quand je vois les gars ensemble c’est vrai que c’est bien, tout le monde sait ce qu’il y a à faire. Il faut aussi de la confiance et de l’investissement, c’est ce que je demande aux gars aussi : s’investir. On est là pour les habitants, pour le maire. Ça va on est pas a la chaîne ! La polyvalence c’est bien aussi parce qu’on touche un peu a tout, et c’est beaucoup d’entraide. C‘est ça que j’aime bien aussi : si un des gars est embêté un autre va aller l’aider à décharger le camion par exemple. Tout compte fait, ils se rendent comptent que… c’est peut être ici qu’on est le mieux (rires) ça donne envie de se lever le matin et d’aller travailler !

 

 


Et ce n’est pas Guillaume qui dira le contraire. S’il fallait un exemple pour illustrer la polyvalence dont parle Gérard, il est tout trouvé.


guillaume drocourt human reflex

Je fais un petit peu de tout, je touche à tout. J’aime bien bricoler, c’est un petit peu ma passion de bricoler donc quand je suis ici je fais un peu de tout. Moi je suis polyvalent on va dire, je peux être sur tout type de métier, dans ce que je sais faire. Après même si je sais pas faire je peux aller aider, donner un coup de main. Je peux aller aussi bien en espaces verts, de temps en temps, quand c’est l’été et qu’il y a un coup de bourre, bref dans tous les corps de métier qu’il va y avoir au sein du service technique. Je peux aller en électricité parce que j’ai fait une formation électrique. J’ai été à l’école pour faire soudure. J’ai mon BAC structures métalliques. Pas beaucoup mais je fais un petit peu de plomberie aussi ! Je fais de la fête ! Tout ce qui est technique en fête, charger décharger les camions, installation du matériel tout ça…


 

 


Sa polyvalence, il la tire aussi de ses expériences multiples dans le secteur privé.

 


J’ai fait l’usine, j’ai aussi été le long des voies ferrées à tirer les câbles, chose qui n’est pas évidente… Mon premier boulot c’était boucher désosseur en Belgique, sur Bruxelles. Donc j’ai fait un petit peu tout.

 


 

 


Pouvoir valoriser ses expériences, ses goûts et ses compétences en un même lieu de travail est un élément fort du bien-être actuel de Guillaume, et sa motivation au quotidien en atteste.

Je trouve qu’ici j’ai trouvé ma place. Je me plais ici ! Aujourd’hui je vais faire un panneau comme demain je pourrais faire autre chose. C’est jamais le même boulot ! Quand j’arrive le matin, je sais pas ce que je vais faire en fait ! Enfin si, par rapport aux plannings à peu près, mais ça peut changer d’une semaine à l’autre, et franchement j’adore ! C’est rare que certains disent qu’ils aiment bien leur boulot, mais moi j’aime bien mon boulot. Je me vois pas ailleurs !

 


 

 


A la polyvalence et à la motivation, vient s’ajouter un troisième élément positif dans l’expérience de Guillaume à Drocourt : la valorisation de son travail. Dans son cas, il semblerait que son ancrage territorial fort est un moteur incontestable de la valorisation de son métier. Travailler pour une (petite) commune semble apporter du sens à l’action réalisée. En comparaison avec le secteur privé tel que mentionné dans les témoignages (la chaîne, la productivité, le rigidité organisationnelle, le manque de dialogue,…), c’est la notion de dés-aliénation qui qualifierait davantage le parcours de Guillaume : c’est-à-dire percevoir et comprendre dans son entièreté le sens, les rouages, les objectifs et le résultat de sa tâche.

 

Déjà moi j’habite à Drocourt ! Quand je fais quelque chose dans la ville, comme je sais que c’est moi qui l’ai fait, bah j’en parle facilement avec mon père ! C’est valorisant quoi. Mon père est content. Mes grands-parents habitent Drocourt, toute ma famille habite Drocourt. Pour moi c’est valorisant quand je fais quelque chose, que mes grands-parents le voient et me disent ‘ah c’est bien t’as bien travaillé !’ Alors que quand on est à l’usine, c’est pas pour nous quoi. Ça part dans des pays étrangers, c’est pas un travail qui valorise vraiment le boulot que vous faites quoi ! Ici c’est à deux minutes de chez moi, pas de galère, j’habite juste à coté, pas de frais de déplacement de voiture. Je commence à 8h je me lève à 7h ! Je viens à pied tous les matins, et pour l’environnement, quand on peut… J’ai pas de transports en commun, moi c’est mes jambes c’est encore mieux ! Puis c’est vraiment super valorisant de travailler pour sa commune, quand on voit ce qu’on a fait, on est contents !

 

 


 

 


Pour autant, travailler pour sa commune, c’est être aussi particulièrement exposé à des enjeux plus politiques, bien au-delà de l’essence même du métier. Cette approche des services techniques a mis en évidence un phénomène que nous pourrions qualifier de zone tampon. Les employés des services techniques semblent être des absorbeurs de problématiques locales, et peuvent même parfois subir les dommages collatéraux de questions qui leur échappent. L’exemple le plus criant est peut-être celui des déchets, dont Gérard s’est saisi.

 

La dernière fois j’ai fait un coup de gueule sur les réseaux sociaux à cause des dépôts sauvages. J‘ai même été à RBM (Radio du Bassin Minier). Pendant deux ans les gars ils n’ont fait que ça : des camions sous la pluie ! Ça m’a énervé rien que de les voir… j’ai fait un message coup de gueule des services techniques sur Facebook. On a autre chose à faire parfois ! On nous dit que des rues sont sales mais là ils ont passé vingt heures à trois bonhommes… pour ramasser un seul dépôt. Plus que ramasser, il faut aussi trier, parce qu’il y a les bennes bois, les bennes cartons, etc. Ça aussi derrière c’est encore plus de temps pour nous…

 

 

 


 

 


Et Yves de témoigner, impuissant, les conséquences d’actes malveillants ciblant les espaces verts publics entretenus par ses collègues et lui-même.

 

 

On n’a pas tellement de valorisation comme on dit. Quand on plante à certains endroits par exemple, les jeunes arrachent et volent tout ce qu’on plante, et on est dégoûtés quoi… En une heure de temps ils vont bousiller notre travail de plusieurs jours : y’a la préparation du sol, la composition des massifs, la mise en place des arbustes et des fleurs, après on met des paillis pour la décoration… Alors eux quand ils arrachent, tout se soulève, le paillis s’en va, et après quand on replante on est obligés de faire des nouveaux trous, donc le parterre par lui-même est tout abîmé en fait. On met une demie journée si c’est pas plus à tout remettre en état…

 

 

 

 


 

 


Au-delà de ces actes de dégradation et de leurs conséquences pour leur travail au quotidien, les agents des services techniques se voient dotés d’un rôle social qui n’est pas inhérent à leur métier, mais qui provient mécaniquement de leur exposition sur l’espace public, comme le souligne Alexis.

 


 

 

On est une des équipes les plus vues on va dire. Quand pour des gens ça va pas, ils nous le disent à nous, mais qu’est-ce qu’on y peut ? C’est pas à nous de gérer le problème quoi. On leur dit qu’il faut téléphoner en mairie… on n’est pas des médiateurs non plus !


 

 

 

 


 

 


Même constat pour Patrick, qui de temps en temps, est exposé aux incompréhensions d’habitants sur les limites de coupe des espaces verts. A lui alors d’expliquer que « des fois les gens ont des accès privés, et on n’a pas le droit d’intervenir ! » et Robert de rajouter : « Y’a des gens des fois qui ne comprennent pas. Par exemple je ramasse des papiers, et puis des gens me disent que y’a des pissenlits qui poussent sur l’escalier… ‘Moi on m’a chargé de faire les papiers, donc on va faire les herbes mais pour l’instant c’est les papiers…’ Tous ne comprennent pas ça ! »

Beaucoup de questions micro-locales remontent du terrain et transitent à travers les agents des services techniques, avec comme centre de gravité, les responsables Fatiha et Gérard. Ce dernier a pour particularité d’avoir un rôle de médiation à trois branches : la première auprès des habitants qui lui font endosser, par son exposition sur l’espace public, l’étiquette de représentant de la municipalité.

 

 


 

 

La dernière fois y’avait une femme qui voulait une bande jaune devant chez elle, tout ça parce que le voisin d’en face s’y était garé une fois. Mais ‘c’est pas votre trottoir madame’ : Il faut expliquer ! Mais y’a à prendre et à laisser. Quand on vient nous voir dans la rue, on explique : ‘on nous a dit de faire ça, on obéit.’ On essaye d’expliquer pourquoi ils [les décideurs] mettent ça en place. Le plus souvent les gens comprennent.

 


 

 

 

 


 

 


La seconde branche s’apparente davantage à un rôle de représentant voire de défenseur des agents, car l’anecdote des dépôts sauvages soulève à nouveau la question du respect, telle qu’elle est mise sur la table par les dames de services dans leur quotidien, et l’importance de se sentir valorisé.

 


 


 

C’est pas valorisant non plus de ramasser des déchets. Et aux agents ça fait du bien de voir que j’ai fait un mail comme quoi ça suffit ! Ça fait partie du management aussi.

 

 


 

 

 

 


 

 


Enfin, la troisième branche de médiation est celle d’intermédiaire entre le terrain et le pouvoir politique.

 


 

En étant sur le terrain c’est aussi nous qui participons à la prise de décisions, d’après notre expertise de terrain. Et le plus souvent on est écoutés !

 

 

 


 

 

 

 


 

 


Gérard se trouve donc à la croisée des chemins, à l’instar de Fatiha qui participe elle aussi à l’articulation globale entre les services.

 

 


 

Je suis un lien entre les deux [agents et décideurs]. La direction n’est pas forcément sur le terrain, moi qui y suis, je vois comment les gens travaillent, et ça permet quand les agents me font certaines remontées, de faire aussi la part des choses de mon coté. Tout ne peut pas être décidé que par la direction, voilà, c’est du travail en bonne intelligence.

 

 


 

 

 

 


 

 


A travers ces quelques portraits, femmes et hommes des services techniques de Drocourt m’ont livré un petit bout de leur histoire commune ; j’en retiens des histoires pleines de courage, avec toujours à cœur l’envie de bien faire ; des histoires marquées aussi par des difficultés, dans des métiers où les corps sont souvent sollicités ; des histoires nourries d’un lien humain primordial, qu’il s’agisse du contact avec les enfants ou de l’esprit de solidarité entre collègues ; des histoires structurées par le lien social inhérent à l’organisation du travail, où le dialogue et l’écoute sont les boussoles du quotidien ; mais aussi des histoires animées par la colère et l’injustice, où le respect et la valorisation sont les marqueurs d’une reconnaissance sociale bien trop frileuse. Alors, même si les métiers des services techniques resteront probablement dans l’ombre, ils n’en restent pas moins des métiers essentiels et à Drocourt, petite ville du Pas-de-Calais, les agents, les encadrants, et les décideurs agissent pour une collectivité qui a du sens pour tous.

 

On frappe à ma porte !

On frappe à ma porte !

Human Reflex c’est apporter un regard… un regard photographique sur les événements de votre vie, mais aussi un regard sociologique sur l’humain, une réflexion sur la vie en société. C’est au fil des rencontres que certains sujets émergent, et celle avec Alexandre résonne particulièrement dans mon parcours.

Voici l’histoire d’un projet qui donne la parole aux « habitants »

Mais c’est quoi, au juste, un habitant ? D’après le Larousse, c’est une « personne qui habite », qui « vit ordinairement dans un lieu ». Du latin habitatio, l’habitation désigne quant à elle le fait d’habiter. Ce sont des mots qu’on utilise tous les jours, probablement ceux sur lesquels on s’arrête le moins tellement ils sont clairs, et leur sens communément validé. Pourtant, on pourrait se poser la question suivante : le fait d’habiter est-il pratiqué de la même manière par tout le monde ? Existe-t-il une seule façon d’habiter, ou n’y en a-t-il pas autant qu’il y a d’habitants ? S’il y en a une multitude, alors de quoi cela va-t-il dépendre ?

C’est le point de départ de la réflexion d’Alexandre, étudiant créateur industriel à l’école ENSCI – Les Ateliers  de Paris. Passionné par le design industriel, il se penche dans le cadre de son mémoire de recherche, sur les maisons Phenix. Il s’agit de maisons individuelles dont le schéma de fabrication est totalement standardisé (ossature métallique et plaques de béton définissent les principaux éléments de leur construction). Dans un environnement bâti standardisé, quelles pratiques les habitants mettent-ils en place pour se sentir chez eux, et faire de leur maison un lieu unique qui leur ressemble ? Alexandre, obnubilé par cette question, n’avait d’autre choix que de rentrer en contact avec des habitants de maisons Phenix pour nourrir sa curiosité. Lettres manuscrites déposées en boîte aux lettres, porte à porte, rencontres et discussions, nuits chez l’habitant… il a tout fait pour passer de la théorie à la pratique.

Cette démarche, qui était « initialement pensée comme isolée dans l’intimité d’un foyer, se dévoile être collective » nous précise Alexandre, avant de rajouter : « Je présumais une réponse à la lettre, afin d’établir une intimité avec mes récepteurs, je produis un effet étendu; suscitant l’agitation et la vigilance » dans le quartier. « Dans un lieu où tout laisserait croire que le replis sur soi domine, une solidarité s’est créée. » Cet événement reconsidère en partie la question originelle de l’appropriation de l’habitat. Au-delà des murs, « jusqu’où sommes-nous chez nous ? » …

→ Contactez Alexandre pour en savoir davantage sur son initiative et découvrir son travail : alexandre.fontaine@ensci.com

C’est dans ce contexte de recherche que ma rencontre avec Alexandre prend tout son sens. Spécialisé en sociologie urbaine, je suis particulièrement animé par la question des territoires et de l’identité spatiale.

 

Mais de quel territoire parle-t-on ?

Contexte : c’est en 2010 que les premiers coups de pioches sont donnés pour bâtir ce nouveau quartier. Symbole d’une périurbanisation toujours vivace, la Marlière est défini à l’époque comme un « écoquartier » résidentiel au cadre verdoyant. Prix accessibles, jardins privatifs, chemins pédestres, proximité des grands axes routiers de la région… le quartier coche toutes les cases de l’idéal d’un chez soi intime et reposant. Entre 1954 et 2008, la population de Courcelles-lès-Lens a fluctué entre 5 300 et 5 900 habitants. En 2013, la population est passé à 6 600 habitants, et atteint 7 700 habitants au recensement de 2017 ! Elle a donc augmenté de plus de 30% en une décennie ! On peut facilement imaginer que la Marlière et l’arrivée de plus de 1 200 logements a profondément changé la morphologie urbaine de la commune. D’un côté, la « vieille » ville, maisons mitoyennes 1930, quartiers de corons, résidences. De l’autre, un quartier résidentiel récent, majoritairement fait de parcelles individuelles.

Qu’en est-il de l’identité de cette commune ? Quels sont les liens entre ce nouveau quartier et la vieille ville ? Quelles sociabilités nouvelles ? Engagements associatifs, engagements politiques, trajectoires familiales, culture locale, emplois… Ces liens sont-ils ancrés sur l’ensemble de la commune ? Peut-on parler d’intégration pour ce nouveau quartier ? Quels habitants se définissent Courcellois et selon quels critères ? Autant de questions qui mériteraient une enquête sociologique bien plus approfondie ; plus de temps et plus de moyens pour comprendre l’ensemble des mécanismes à l’œuvre dans le cadre d’une transformation urbaine de cette ampleur…

 

Quelques lectures sociologiques

Des « pionniers » prisonniers : immobilité résidentielle et déclassement social des pavillonnaires en ville nouvelle

https://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2012-1-page-53.htm

Le logement, facteur de sécurisation pour des classes moyennes fragilisées ?

https://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2012-1-page-17.htm

 

Habitat, habitation, habiter

https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2005-3-page-48.htm

 

La démarche d’Alexandre est peut-être l’occasion de semer quelques graines.

19 Décembre 2019 : l’exposition qu’il a mise en place à la mairie de Courcelles-lès-Lens prend fin. En voici quelques photos :

 

 

Ce 19 Décembre 2019, c’était donc l’occasion de se réunir en soirée lors d’un temps convivial. Des habitants de la Marlière étaient présents, le maire de la commune Bernard Cardon, des professeurs, et une classe de 3e du collège Adulphe Delegorgue, qui travaille justement sur la Marlière avec l’école Science Po de Lille. L’objectif était de lancer des discussions thématiques sur la vie du quartier. A l’aide de scénarios exacerbés, on prenait le pari de susciter de vives réactions, et ainsi de libérer la parole :

 

Un quartier ultra touristique

Et si les particularités du quartier l’amenaient à en faire un quartier prisé par des groupes de touristes asiatiques ?

Un quartier qui héberge des migrants

Et si une multitude de logements en vente étaient rachetés par un milliardaire avec l’objectif de loger des demandeurs d’asile ?

Un quartier sans voitures

Et si le quartier devenait 100% mobilités douces, interdisant la circulation des voitures en son cœur ?

Un quartier au jardin collectif

Et si toutes les haies privatives étaient abattues pour laisser place à un immense jardin où chacun(e) est libre de se déplacer ?

Un quartier "Gated Communities"

Et si le quartier était entièrement barricadé, surveillé par des caméras et des agents privés, et soumis à des badges à l’entrée ?

Un quartier qui dit "Adieu Auchan"

Et si la plupart des habitants développaient leur propre commerce dans leur garage ?

J’intervenais donc aux côtés d’Alexandre, pour animer ces scénarios et les débats de mon regard sociologique, avec un objectif : que les Courcellois nous livrent leurs représentations de la ville, leurs perceptions de la Marlière et leurs pratiques quotidiennes sur ce territoire élargi. Plusieurs éléments ressortent et viennent appuyer les témoignages recueillis par Alexandre. Toutefois, il s’agit bien de points de vue individuels que nous ne pouvons généraliser, mais ils ont le mérite de donner à voir quelques représentations intéressantes. En voici les principales caractéristiques :

Chez soi, c’est avant tout sa maison, son jardin, sa clôture et son intimité. Les incivilités dans les rues révèlent cependant que l’environnement immédiat est le prolongement de notre habitat : un quartier sale c’est une image négative renvoyée en tant qu’habitant. Cette frontière se matérialise par exemple par la place de la voiture, objet de transition essentiel entre la vie professionnelle et la vie privée. En effet, plus la voiture peut être amenée jusqu’au seuil de la maison, moins l’espace privé est brisé et plus le sentiment d’être « chez soi » perdure sans bouleversements. C’est le propre d’une « fonction résidentielle » associée à ce quartier : « voiture-boulot-dodo » ? On y dort, mais dans quelle mesure y vit-on ? En tout cas, peu de liens semblent s’établir entre les habitants de la Marlière et ceux de la « vieille ville ». Ces derniers nous confiant que finalement, « il n’y aucune raison d’aller là-bas ». Ce renvoi à la fonction résidentielle de la Marlière suppose-t-il mécaniquement un mouvement dans l’autre sens ? Si l’ensemble des services et commerces se situent dans la ville historique, on peut le supposer. Une chose est sûre, l’école est au cœur d’une sociabilité dite mécanique. Au départ pensé avec la construction d’une école, la Marlière n’en dispose finalement pas. En conséquence, une mixité se crée entre les familles, créant de fait des liens de sociabilité. Reste à savoir si ces liens peuvent aller au-delà de la sphère de la scolarité…

 

 

Et vous, quel rapport avez-vous à votre environnement ?

Portraits engagés !

Portraits engagés !

Les Blongios, la nature en chantiers !

Structure : association – création en 1992

Territoire d’action : Nord-Pas-de-Calais et PNR Cap et Marais d’Opale

Objet : organisation de chantiers nature bénévoles pour la gestion écologique des sites naturels

Rôles de Denis et Alain : salarié et bénévole

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Bénévole de l’association depuis 2000, j’en suis devenu professionnel en 2013, l’occasion pour moi d’allier passion et métier à travers l’éducation populaire. C’est par des actions concrètes, pratiques, que j’amène des populations à découvrir les enjeux de la préservation de l’environnement, elles qui en sont souvent éloignées. Par exemple des jeunes en insertion, issus d’un milieu urbain, qui ont un rapport éloigné à la nature. L’objectif est de pouvoir les déconnecter du tout béton ! Ça peut être l’occasion pour eux aussi de redéfinir leur projet professionnel ou de formation, car sur une journée d’actions, il y a toujours un avant et un après ! C’est une expérience qui leur permet de retrouver de la confiance en soi, qui leur montre qu’ils sont capables de faire des choses, et ça franchement, ça fait du bien. 

Denis

Un jour, il y a 15 ans environ, au parc naturel on m’a remis un flyer… J’ai réalisé une journée de bénévolat et me suis dit « C’est super ce qu’ils font ! » Depuis, j’y suis tous les week-ends, voire la semaine ! J’agis avec plaisir, car ça me paraît essentiel d’avoir ce lien fort avec la nature. Et puis c’est aussi le plaisir de retrouver des gens qui sont animés par des convictions et des valeurs que je partage. Il y a ce côté très pédagogique avec de gens passionnés qui regorgent de connaissances, qui savent expliquer les choses. Et puis il y a aussi cette convivialité : on travaille, mais pas n’importe comment. On discute, on s’écoute, on s’épaule si besoin. Et forcément, ça crée des liens forts. Je peux dire qu’ils sont devenus des amis, presque des camarades de combat !

Alain

SEL d'Opale

Structure : SEL d’Opale

Territoire d’action  : Wimereux / Côte d’Opale

Objet : mise en place d’échanges sans argent de biens et de services

Rôle d’Alexandra : SEListe

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Réaliser seule de gros travaux dans une maison ? C’est bien trop compliqué ! J’avais besoin d’être conseillée, je voulais apprendre dans la pratique, « faire avec ». Et c’est en cherchant un système d’échange que j’ai découvert un réseau énorme de gens qui pratiquent une certaine forme d’entraide. Entraide ne signifie pas juste donner, c’est le côté réciproque qui me plaît. Ça permet de gagner en confiance dans un fonctionnement vertueux. Ce que je fais naturellement, d’autres non, et c’est donc plus facile pour moi de donner : ça fait plaisir et c’est également un soulagement pour l’autre ! Selon moi, il est important que les gens soient biens dans ce qu’ils vivent. Nous ne sommes pas juste des spectateurs subissant une situation, nous pouvons être acteurs avec ce que nous portons au plus profond de nous-mêmes. Donner ou recevoir, nous en sommes tous capables à un moment ou à un autre, car l’être humain est un être d’échange ! 

Alexandra

Repair Cafés Côte d'Opale

Structure : association Ardhome

Territoire d’action : Côte d’Opale

Objet : aide à la réparation d’objets dans une démarche d’apprentissage collectif

Rôle d’Amandine : bénévole, future animatrice jeunesse

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C’est lors de portes ouvertes de mon lycée que j’ai connu le Repair Café. Je stocke toujours tout et n’aime pas gaspiller, alors forcément l’idée m’a plu ! Ça a commencé par la réparation de ma batterie, puis j’ai assisté à une inauguration et de fil en aiguille, j’ai finalement appris à souder grâce au Repair Café ! L’idée c’est d’apprendre à réparer dans un collectif, pas de déléguer à un Service Après-Vente. On est un peu comme une grande famille en fait : bonne entente, moments de partages, et surtout transmission du savoir-faire ! A l’origine bénévole et aujourd’hui en service civique, je continue à évoluer dans cette voie pour bientôt devenir animatrice jeunesse.

Amandine

Centre Social Eclaté

Structure : association

Territoire d’action : Saint-Martin Boulogne

Objet : partage des valeurs de solidarité, de responsabilité et de mieux vivre ensemble sur la commune (aide aux projets collectifs)

Rôle d’Aurélie : bénévole

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C’est ma mère qui m’a permis de rentrer dans l’association, elle en était la mascotte ! J’en ai avant tout été bénéficiaire, on a fait beaucoup de sorties. Et puis l’antenne s’est installée dans le quartier où j’habite, j’ai continué à m’investir, c’est du donnant-donnant. On essaye de faire en sorte qu’il y ait beaucoup d’échanges, ça permet à tout le monde d’être moins de côté, de discuter, de s’évader. On peut décompresser. Pour ma fille aussi, c’est un moyen de voir d’autres enfants ! Le plus dur c’est quand même d’aller vers les autres, donc notre action va dans le bon sens ! Sans nous, les habitants du quartier n’en seraient peut-être pas là, mais nous aussi sans eux ! 

Aurélie

Energie Citoyenne d'Opale

Structure : SAS – création en 2019

Territoire d’action : PNR Cap et Marais d’Opale

Objet : création d’une centrale solaire avec financements citoyens

Rôle de Bernard : citoyen investisseur, membre du conseil d’administration

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Je suis un opposant de longue date au nucléaire concernant la gestion des déchets notamment, et le coût de production. Vu la problématique des énergies fossiles, on ne peut qu’aller vers un engagement citoyen vers les énergies renouvelables. A titre personnel, je voulais installer du photovoltaïque sur ma toiture, mais mon environnement boisé et mon exposition n’auraient pas permis un rendement en auto-consommation. De nombreuses personnes sont dans cette situation, alors quand j’ai vu cette idée de centrale citoyenne, j’ai sauté sur l’occasion ! J’ai participé à la création de la société, je suis rentré au conseil d’administration, et j’ai investi pour ensuite rechercher d’autres citoyens partageant les mêmes valeurs. C’est une superbe opportunité pour l’émergence d’une production locale d’énergie ! 

Bernard

Creactif-Biosol, Les Jardins du Boulonnais

Structure : ACI, association de chantiers d’insertion 

Territoire d’action : boulonnais / Côte d’Opale

Objet : insertion solidaire par la culture et la transformation de légumes biologiques

Rôle de Carole : coordinatrice

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Avant, j’étais gérante de société. Pendant 20 ans dans la communication. Je vendais de la comm’, et si on peut dire, du vent ! A 50 ans, j’ai décidé de changer de vie ! On travaille tous ensemble maintenant ! C’est complètement différent de ma vie d’avant, il faut avoir beaucoup d’empathie pour les gens. Et c’est aussi un bien-être personnel, le fait de soutenir des personnes dans leur projet, d’aider les gens très éloignés du travail à trouver leur chemin de vie, à monter un dossier pour s’en sortir… C’est une autre philosophie.

Carole

Dans'on Sous la Pluie

Structure : association

Territoire d’action : boulonnais / Côte d’Opale

Objet : émergence du bien-être et du développement personnel par les sens et le rire

Rôle de Catherine : fondatrice et coach

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Un jour je me suis dit que je ne riais plus assez dans ma vie… Pourtant quels bienfaits ! On se sent tellement bien après un fou rire ! Et en pratiquant le théâtre, je me suis dit : comment aider les gens pour qu’ils soient plus heureux dans l’instant présent ? Par le fait de réapprendre à rire ! Au moins sourire… En créant mon association de bien-être et développement personnel, j’ai rencontré des gens positifs et beaucoup de soutiens. On se rend compte qu’on n’est pas seuls, et qu’être entourés c’est formidable. C’est cette dynamique d’optimisme que je retrouve dans le partage du rire, qu’il s’agisse de coaching de particuliers, de professionnels sur leur lieu de travail ou de publics isolés. Ça donne la niaque !

Catherine

Toerana Habitat

Structure : coopérative

Territoire d’action : Hauts-de-France

Objet : regroupement d’entrepreneurs du bâtiment, avec services et accompagnements vers la durabilité de leur activité

Rôle de Céline : comptable

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Je suis née professionnellement dans l’ESS ! J’ai toujours travaillé dans ce domaine. D’abord dans une première association de personnes en difficulté : demandeurs d’emploi et classes défavorisées qu’il fallait réinsérer professionnellement et socialement. Puis de rencontres en expériences, je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup de freins pour les créateurs d’entreprises dans le domaine du bâtiment, notamment cette fameuse garantie décennale. En créant Toerana, nous avons décidé de remédier à ce problème. Les entrepreneurs ne sont plus seuls ! Nous les accompagnons dans les champs de l’administratif, de la gestion, mais aussi dans le développement de pratiques plus durables, comme l’éco-construction ou l’éco-rénovation, via des partenariats et des échanges de bonnes pratiques ! 

Céline

Jokkoo Ak Saloum

Structure : association  – Création en 2007

Territoire d’action : Boulogne-sur-Mer et Sénégal

Objet : création de liens d’échange avec le Sénégal et notamment la région du Sine Saloum afin d’y appuyer le développement communautaire

Rôle de Francine : présidente du CDSI centre Ritimo

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Le sens de mon engagement, c’est l’Afrique ! Ce continent n’a pas besoin des apports extérieurs et peut se nourrir seul ! A travers l’association, et par un système de solidarité internationale avec le Sénégal, je m’efforce d’armer les populations locales face aux difficultés du quotidien. L’objectif est qu’elles puissent être en capacité de vivre dignement de leur travail, et notamment les femmes. C’est tout le sens d’une démarche pleinement ancrée dans l’économie sociale et solidaire. Le village de Kobongoye 1 est un territoire enclavé, très pauvre en réseaux routiers, en électricité et en eau… Notre action vise à les aider dans leur quête d’autonomie et d’émancipation. Par nos actions, ils ont pu développer leur réseau électrique sur l’espace public grâce à l’énergie solaire ! Mais mon action passe aussi par la France, et en particulier sur le boulonnais : valoriser la solidarité internationale, faire connaître les réalités de vie de ses personnes et surtout, faire du lien : quoi de plus enrichissant pour un jeune que de vivre en immersion pendant plusieurs semaines sur place ?

Francine

MALCO

Structure : association Maison des Apprentis du Littoral Côte d’Opale – Création en 2017

Territoire d’action : Côte d’Opale

Objet : création une communauté d’apprentis afin de promouvoir l’apprentissage – Accompagnement social des apprentis durant leur formation et leur parcours professionnel

Rôle de Giovanni : fondateur et président

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Après 5 ans d’expérience en lien avec les apprentis, je me suis rendu compte qu’ils ne bénéficiaient pas d’accompagnement spécifique ni de lieu dédié en sortie de formation. J’ai alors décidé de fonder une association pour m’attaquer aux problématiques du logement et de la mobilité qui existent surtout en post-formation. C’est frustrant de voir de telles situations de précarité, et je me suis dit qu’il fallait s’inspirer du modèle étudiant. Ne pas les laisser seuls, sécuriser leur parcours professionnel. Et ça passe par une communauté d’apprentis, pour faire du lien, être dans un collectif, se construire un réseau… Les apprentis d’aujourd’hui sont des acteurs et citoyens de demain ! L’idée c’est aussi de les sensibiliser à l’écologie, à la solidarité, et à l’entraide. J’essaye de leur transmettre les clés pour faire bouger les choses, parce qu’ils en ont le potentiel, et ils doivent en prendre conscience ! 

Giovanni

Pas-de-Calais Actif

Structure : GIP (groupement d’intérêt public) – création en 1995 – Antenne de Calais

Territoire d’action : Côte d’Opale

Objet : actions pour la création et la pérennisation d’emplois

Rôles de Hélène et Vanessa : chargée de mission DLA, chargée de mission ESS

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Je me sens pleinement dans une démarche ESS car il ne s’agit pas juste d’aider à la création d’emploi, c’est en fait une démarche globale ! Il s’agit de prendre en compte tous les vecteurs de la structure pour créer de manière responsable. On les incite à évoluer vers un engagement plus fort lié au développement durable par exemple, vers un développement local fort, un ancrage dans les territoires. On les pousse aussi à innover concernant les aspects sociaux de leur activité: il faut clairement qu’il y ait de l’utilité sociale ! C’est en fait très enrichissant personnellement d’être moteur d’une démarche ESS !

Hélène

Je rejoins Hélène, c’est motivant car au départ notre job consistait davantage en de l’analyse financière. Aujourd’hui, notre métier a évolué et notre action se développe plus largement, on touche à la gouvernance, à l’environnement. Les projets sont riches de diversité. On peut aider des structures de panneaux solaires, de chaudières bois, ou de commerces bios. On sent qu’il y a une forte volonté d’alimentation plus saine, d’impact direct sur nos qualités de vie. C’est une spirale positive car on apprend beaucoup de choses et ça peut nous servir personnellement au quotidien !

Vanessa

Aidadom

Structure : association – création en 2007

Territoire d’action : Côte d’Opale

Objet : aide et maintien à domicile pour les personnes handicapées, les personnages âgées et les enfants

Rôles d’Isabelle et de Laure : auxiliaire de vie, et assistante RH

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Ma motivation c’est d’aider les personnes a domicile. Déjà il y a ce contact humain, avec les personnes âgées. On les écoute, on les aide, on les réconforte, bref on dialogue, et on se sent utile en fait. On ressent qu’ils sont contents de nous voir quand on intervient. On fait un peu de la psychologie en quelque sorte ! Je retrouve beaucoup de plaisir à faire ce que je fais sur le terrain, je suis satisfaite de repartir de chez eux et de savoir qu’ils ont le sourire aussi. Avec le forum de l’ESS et l’ensemble des structures, on peut faire connaître toutes les démarches de solidarité !

Isabelle

Je ne suis pas là par hasard ! C’est un choix de travailler dans le milieu médico-social. Ce sentiment d’aider les gens est important, encore plus quand leur seul lien d’attache devient leur auxiliaire de vie. Avec Isabelle on se complète, car j’ai choisi le côté administratif qui est nécessaire, et pas le côté terrain qui n’était pas essentiel pour moi à titre personnel. On voit bien que tout le monde est là par volontariat et pas par obligation. On retrouve le côté social en chacun, quelque soit sont poste. C’est un travail d’équipe !

Laure

Maison de l'Etudiant

Structure : association

Territoire d’action : boulonnais / Côte d’Opale

Objet : offre de services et d’accompagnements pour les étudiants

Rôle de Jocelyne : bénévole

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L’ESS c’est un engagement ! Salariée pendant 18 ans dans l’association, je m’y suis beaucoup investie, et c’est toujours avec la même ambition que je continue aujourd’hui à aider les étudiants en tant que retraitée bénévole. J’ai la fibre sociale, et c’est un besoin de faire mon possible. Le développement de l’ESS ça été positif pour nous. D’année en année, notre impact a été plus important grâce à la collaboration entre différents acteurs de la solidarité. Aujourd’hui, les bénéficiaires sont plus nombreux, et nous avons doublé la superficie de l’épicerie solidaire, dans laquelle nous allons proposer des fruits et légumes, cultivés et récoltés par les étudiants eux-mêmes grâce au jardin participatif ! 

Jocelyne

Le bel envol

Structure : association – Groupe d’entraide mutuelle

Territoire d’action : Côte d’Opale (Berck-sur-Mer et Boulogne-sur-Mer)

Objet : accueil des malades psychiques stabilisés en vue de les réinsérer socialement et de rompre avec l’isolement

Rôles de Séverine, Joëlle et Ugo : coordinatrice, fondatrice, président

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On est clairement en dehors du soin ! Les personnes viennent rompre avec l’isolement. Elles ne viennent pas parler de leur maladie ou de leur traitement. C’est l’esprit associatif qui passe avant tout avec une ambiance, des liens de confiance, des valeurs, des savoir-faire (sport, culture, cuisine), des compétences professionnelles aussi : prendre soin de son image et retrouver une autonomie au quotidien.

Séverine

J’ai créé la structure après une longue hospitalisation de mon fils Ugo : 10 ans d’un parcours très difficile. L’idée était de se rassembler, animés par la même volonté de ne plus connaître ça, d’éviter ce genre de situations pour toutes et tous. Nous avons voulu créer un lieu où l’on se retrouve, où le bien-être est primordial et le lien entre chacun fondamental.

Joëlle

Cette association c’est une satisfaction ! L’idée de rétablissement est centrale, tout passe par là. Aujourd’hui c’est devenu mon activité professionnelle, je suis « médiateur de santé pair. » Je suis également président de l’association et j’ai vocation à me mettre au service d’une communauté. C’est très valorisant de mettre son savoir au service des autres ! On arrive à se transmettre des choses et le lien tissé avec les adhérents est fabuleux ! 

Ugo

Marelle et Ricochet

Structure : association – création en 2014

Territoire d’action : Boulogne-sur-Mer

Objet : renforcement du lien parents-enfants et accompagnement des personnes isolées

Rôles de Marion et Joséphine : animatrice, et service civique

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Personnellement, je veux montrer aux gens qu’on peut consommer sans surconsommer. Les bénévoles et adhérents ramènent des produits qu’ils préparent eux-mêmes, et notre espace bar ne contient que des produits issus de l’agriculture biologique ou du commerce local. On est une association super familiale et c’est ça qui fait que les gens s’y sentent bien. On a le temps de se poser avec les gens, d’être là pour eux. On fait vivre le quartier en fait. Et on permet aussi aux jeunes d’avoir une expérience dans le social, avec des services civiques mis en place tous les 6 mois. C’est une superbe opportunité pour donner des vocations, d’autant plus que dans ce métier, chaque jour est différent ! 

Marion

Comme l’a dit Marion, le service civique qui est mis en place par l’association est un super moyen pour découvrir quelque chose de positif. En tant que jeune, je suis contente d’en faire partie et de pouvoir aider des gens qui en ont besoin. J’adore l’idée de pouvoir être avec les parents et les enfants en même temps, c’est une relation qui m’intéresse vraiment. Par la suite je veux être puéricultrice, donc c’est une grosse expérience en plus ! 

Joséphine

CDSI Centre Ritimo

Structure : Association – Centre de ressources et d’animation pour le développement et la solidarité internationale

Territoire d’action : Côte d’Opale, Sénégal et Tunisie

Objet : éducation populaire à la citoyenneté et à la solidarité internationale

Rôle de Juliette : chargée de mission

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Ce qui me porte, c’est ma croyance en l’éducation ! C’est quelque chose d’absolument prioritaire pour faire bouger les choses dans la société. En tant qu’acteurs de l’ESS, il est important que l’on soit dans les écoles pour informer et sensibiliser, pour apporter un discours différent de celui dans lequel les jeunes sont baignés. Il faut avancer face aux préjugés ! Comprendre les enjeux du monde, je pense que ça passe également par le terrain, et je crois vraiment que « les voyages forment la jeunesse ». Mon mot d’ordre est le suivant : tous les jeunes peuvent partir ! Qu’ils soient issus d’un quartier populaire, en difficulté ou non, nous les accompagnons pour qu’ils puissent s’ouvrir à la solidarité et à la citoyenneté.

Juliette

Roulotte multi-sensorielle

Structure : association – Les Sens du Soin

Territoire d’action : Côte d’Opale et roulotte itinérante

Objet : apport de soins thérapeutiques fondés sur les sens, à destination des personnes en situation de handicap

Rôle de Laurence : fondatrice et soignante

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J’ai travaillé 20 ans en tant que volontaire en Inde. J’y étais infirmière. En 2001, j’ai créé un centre pour poly handicapés, qui est aujourd’hui devenu autonome là-bas. Je suis donc revenue en France pour créer mon activité, et aider les personnes en situation de handicap à s’appuyer sur les sens pour communiquer et s’ouvrir au monde. Je suis dans le soin, et j’adore ça. Dans toute mon expérience de vie j’ai été amenée à faire du soin, et je ne conçois pas de vivre autrement. Quand on est dans le soin, c’est qu’on aime les autres, tout simplement ! 

Laurence

Tous Parrains

Structure : association 

Territoire d’action : Côte d’Opale (de Berck-sur-Mer jusque Calais)

Objet : accompagnement vers l’insertion professionnelle de personnes éloignées de l’emploi

Rôle de Salomé : conseillère en insertion professionnelle

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D’une manière générale, il me tient à cœur d’accompagner les personnes quand elles sont en difficulté. Dans le monde de l’emploi, c’est très difficile moralement ! Avec des profils au parcours chaotique, qui subissent parfois une discrimination dans leur propre milieu familial, on doit toujours tirer vers le positif (je pense aux femmes, aux anciens prisonniers, aux seniors, aux bénéficiaires du RSA…). Ce qui me motive, c’est de dédramatiser la recherche d’emploi par la sophrologie par exemple, d’accompagner avec le sourire sur la confiance en soi, d’aborder la socio-esthétique avec toujours un objectif : valoriser les gens. C’est comme ça que je vis mon rôle d’intermédiaire entre le parrain (chef d’entreprise, cadre ou bénévole retraité) et la personne demandeuse.

Salomé

Zero Waste France

Structure : associaton 

Territoire d’action : antenne de Boulogne-sur-Mer (Côte d’Opale)

Objet : incitation à une consommation responsable en amont, en vue d’éviter de générer du déchet

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Mon but est de convaincre un maximum de monde à changer une petite habitude, ne serait-ce que de temps en temps, et de faire boule de neige auprès des citoyens. C’est ça qui me motive. A mon échelle, je fais attention depuis quelques années, mais je suis loin d’être parfait ! L’idée c’est de transmettre ce que j’ai pu moi-même appliquer, ce que je maîtrise. Il s’agit surtout d’accompagner au changement, qui reste un acte délicat. Chacun son rythme en fonction de sa situation ! Il faut se dire « Je bloque sur ça… mais sur ça je peux agir, donc je le fais ! Une fois que ce changement est devenu un réflexe, je peux m’attaquer à un autre déchet… » Dans tous les cas, il faut montrer le positif pour donner envie aux gens ! 

Siegfried

Communauté d'Agglomération du Boulonnais

Structure : EPCI (établissement public de coopération intercommunale)

Territoire d’action : communes de la CAB

Objet : accompagnement des porteurs de projets et des acteurs de l’ESS

Rôle de Sophie : chargée de mission ESS

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Assistante sociale de formation, j’ai exercé ce métier pendant 5 ans avec l’impression de ne pas m’y retrouver. Être focalisé sur la demande d’aides financières me paraissait n’être qu’une goutte d’eau dans une logique d’accompagnement. Une expérience en épicerie sociale m’a ouvert à plus de mixité dans l’exercice de mon activité, en découvrant que ce genre de structure prenait place dans le champ plus large de l’ESS. C’est ce qui m’anime à la CAB depuis 2008 car le mois de l’ESS est un événement fédérateur, co-construit avec l’ensemble des acteurs, pour créer des partenariats durables. Pour moi, la valorisation de la personne doit être au cœur d’un accompagnement pluriel pour rompre avec une logique d’isolement.. Je pense souvent à ce proverbe africain pour illustrer mon parcours et ma vision de la solidarité : « Si j’ai faim, plutôt que de me donner un poisson, apprends-moi à pêcher ! »

Sophie

Nature Libre

Structure : association 

Territoire d’action : Boulogne-sur-Mer – Côte d’Opale

Objet : propositions et mises en place de journées d’actions citoyennes (nettoyages de plage)

Rôle de Xavier : président

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Il y a une urgence écologique ! Et je pense que la révolution en ce sens est déjà en cours. Bien sûr on ne va pas sauver le monde avec 12 nettoyages de plage par an… Mais le plus important c’est le message véhiculé : le vivre ensemble, la vie en société. C’est un message politique dans le bon sens du terme. Par la pédagogie proposée aux plus jeunes, par les liens qui naissent dans nos actions de nettoyage, on crée du collectif et une manière d’agir ensemble. C’est déjà faire face aux échéances catastrophiques de demain, même s’il ne faut pas se laisser emporter par la tristesse ! Il faut rester positif, et pour ça on se doit de faire notre propre révolution personnelle face à ces bouleversements. Je vois deux solutions : soit on s’enferme dans un bunker, soit on se donne la main. J’ai clairement choisi la deuxième ! 

Xavier